Attirer les talents, préserver les compétences et embarquer tout le monde vers la reprise, c’est le vœu de toutes les entreprises. Bonne nouvelle : celles qui auront su gagner la confiance de leurs collaborateurs ont déjà fait l’essentiel.
Depuis plusieurs années, le rapport de force employeur-employé s’est inversé. Secteurs et métiers en tension, montée des exigences dans les jeunes générations, transparence du marché de l’emploi grâce aux outils numériques : autant de facteurs, devenus structurels, qui ont fait passer les dés du côté des salariés. À eux de poser leurs conditions, aux entreprises de les satisfaire.
La crise sanitaire va sans doute rebattre les cartes de ce jeu de rôles. Les défaillances d’activité, les fermetures d’entreprises, l’explosion des courbes du chômage auxquelles nous devons nous attendre vont certainement faire émerger de nouveaux équilibres, de nouveaux comportements, de nouvelles règles dans la dialectique de l’offre et de la demande. Et bien présomptueux ceux qui prétendent déjà en connaître les contours.
Mais à l’heure où tout se sait, tout se dit, tout se partage, dedans comme dehors, le ressort principal de crédibilité, de rayonnement et de conviction des employeurs est dans l’attention qu’ils portent à leurs collaborateurs. Aujourd’hui comme hier et demain comme aujourd’hui, la première richesse de l’entreprise, celle qui préexiste à toutes les autres, conditionne toutes les autres et prévaut sur toutes les autres, est, a été et sera l’humain. Avant d’être un instrument de performance économique, une entreprise est un ensemble d’individus réunis dans l’action au service d’un bien commun.
Les périodes de crise étant à la fois des révélateurs et des accélérateurs, cette séquence de réamorçage de l’activité n’échappera pas à la règle. Après avoir encaissé le choc, les entreprises vont devoir remettre leurs rouages en place, réinjecter du carburant, faire repartir la machine. Ce, dans des conditions forcément dégradées, avec des outils en partie à l’arrêt, des organisations surdimensionnées, des effectifs clairsemés et des collaborateurs au pire commotionnés, au mieux inquiets, en tout cas perturbés.
Relancer l’activité est une chose. Créer de l’engagement, de l’adhésion en est une autre. L’inconnu, a priori, n’est pas propice à l’engagement. Ce qui pousse à agir en situation d’incertitude, c’est la croyance. On décide, on se mobilise, on s’engage parce que l’on y croit. Pour les employeurs qui n’auront pas construit et consolidé la confiance avant la crise, les affichages et les promesses ne suffiront pas. L’injonction à l’engagement des collaborateurs, qui déjà hier sonnait creux, demain sonnera faux.
La relation entre le salarié et son management repose sur un contrat de confiance conjuguant des attentes et des engagements formels et informels, des attitudes et des comportements, des actes et des résultats. Parce qu’il relève essentiellement de ressorts psychologiques, ce socle contractuel est fragile et appelle un travail permanent de conviction, où chaque promesse doit être suivie d’une preuve. Celle-ci peut prendre des formes multiples, diffuses, parfois infimes, presque invisibles : efficacité d’une action, vérité d’un échange, partage d’un historique, joie d’une réalisation collective.
Les entreprises pourront publier des bibles de valeur, sceller leur responsabilité ou leur mission sociale dans leurs statuts, s’acheter tous les labels de bonne conduite, alléguer haut et fort que demain de sera plus comme avant…
Leur raison d’être, leur crédibilité, leur marque de fabrique est dans la qualité du lien qu’elles sauront construire avec et entre les femmes et les hommes.